Je suis animatrice mais je soigne... (1)

C'est dingue... On croit que travailler dans une école primaire avec des horaires hachés en plein milieu de la journée (Ce qui donne a peu de choses prés environ 5H de travail journalier...) Est une situation de tout repos...

Et bien, non.

J'avoue qu'à presque 30 ans, cette situation m'épuise et je rêve, de plus en plus, d'une simple situation de bureau , secrétaire par exemple, où la seule urgence d'une journée serait le courrier en retard ou une rame de papier à changer dans l'imprimante. Pourtant, on se met dans ce travail presque la fleur au fusil en se disant que ce sera facile... De toute façon, ce ne sont que des gosses... Ils font la moitié de mon poids , pas trés loin de la moitié de ma taille... ils ne peuvent me faire aucun mal.

Grossière erreur.

Je reviens toujours le soir avec une profonde envie de me coucher ou de me défouler sur quelque chose. (Petit remerciement au passage à l'industrie du jeu vidéo et particulièrement aux MMORPGs qui me permettent ce défouloir de bon aloi en évitant de frapper mon militaire de concubin.) J'ignore pourquoi c'est si dur... Je me doute que je ne suis pas trop taillée pour ce boulot mais je me demande véritablement qui l'est. Les Instituteurs qui me disent bonjour tous les matins avec un sourire? J'ai un doute. S'ils avaient eu l'envie ou même le devoir de le faire, ils ne nous auraient pas refilé l'amusement de ces chères têtes blondes ni la période au combien pénible du déjeuner. Certains le font. Et je vois dans leurs yeux, au dessus du sourire forcé, qu'ils n'ont qu'une seule envie: Arrêter.

Je les comprends. Moi aussi je voudrais arrêter mais à leur différence, moi on me paye pour faire ça.
En quelques mois, je crois que j'ai tout eu... Des enfants qui me mordent , me frappent, se fichent royalement de mes "conseils" et me considèrent comme la personne qui doit juste s'assurer de les empêcher de s'amuser. Et non... Je ne suis pas là pour les empêcher de s'amuser, je suis là pour éviter qu'ils se fassent du mal , tant physiquement que mentalement. J'ai même eu droit aux menaces d'un père d'élève, furibond que j'ai pris sa fille par le bras pour la faire rasseoir alors qu'elle courrait partout dans la classe lors de l'heure d'études. C'est le monde à l'envers...

Le problème vient surtout de ce qu'on appelle la démission des parents:

A mon époque, je faisais une bêtise, mon instituteur(trice) me punissait et en rentrant à la maison, j'avais droit à une seconde punition (en général plus ou moins grave selon de quoi était constituée la première punition) afin que mes parents soient assurés que je ne recommence pas. ( Et je recommençais assez peu, les taloches et les tapes sur les fesses me dissuadant de la récidive.)  A l'heure actuelle, nous autres de l'éducation Nationale ( que mon père préfére apeller Instruction Nationale) devons justifier nos punitions aux parents qui s'empressent de consoler leur chere tête blonde des méfaits de l'affreux Instituteur ou du méchant animateur... En plus , comme les châtiments corporels ne sont plus à l'honneur ( mais ceci est un autre débat) Nous avons l'obligation de ne plus TOUCHER les enfants. Notre piédestal en prend un coup... Comment faire peur à un enfant sans lui montrer le spectre de la douleur ou de la contrainte? En le laissant imaginer la plupart du temps. Mais c'est un pis aller... Tout simplement parce que les parents n'éduquent plus leurs enfants; C'est à nous de le faire!

Et là, la question que tout le monde se pose est: Comment faire en si peu de temps? Ne nous leurrons pas. Je fais partie des animateurs de mon école qui ont les horaires les plus lourds. Je suis là, Matin, Midi et Soir. Je vois certains de mes élèves depuis 7H30 le matin pour les voir partir à 18H30... Mais il faut bien qu'ils s'instruisent! Il faut bien leur donner les bases qui leur permettront de lire ce blog plus tard et de savoir comment calculer au mieux leur espace vitale plus tard. Et où pouvons nous mettre les heures d'apprentissage du respect et des bonnes manières dans tout ça? Par l'exemple? la belle affaire! Les enfants trouvent les exemples à suivre où ils veulent et rarement sur ce que nous, pauvres animateurs, souhaiterions leur montrer.

La vérité est que nous sommes impuissants. Notre rôle se borne à surveiller, et à essayer de les intéresser sur les activités que nous menons. C'est tout. Je l'ai appris en essayant de faire des jeux d'improvisation théâtrale avec deux classes. Certains jouent le jeu, d'autres s'en moquent et je ne peux pas les forcer à s'amuser. Je peux à peine leur faire goûter tous leurs plats alors leur donner un vernis de culture...

Et pendant ce temps, la femme de Sarko pose dans la cuisine.